mercredi 1 juin 2016

Barcelone, premier épisode : la galère

En hommage à Ida 







Le voyage continue, chère Ida 
Quelle qu'en soit la forme !
Tu continues de m'accompagner 
dans ma quête de Siciles, 
que tu échangeras avec les tiennes.
J'ai été cueilli par la terrible nouvelle du décès d'Ida au moment où j'écrivais ce texte ... qui m'a alors paru bien insipide. Ida aimait les voyages, comme elle aimait tant de choses, et tant de gens, même ceux qui, entre eux, ne s'aimaient pas. Amour, curiosité, intelligence tout cela faisait d'elle un personnage rare qui poursuivra tous ceux qui ont eu la chance de l'approcher. 
Je sais qu'elle suivait mes aventures sur mon blog, qu'elle voyageait en quelque sorte avec moi, et c'est aussi ce qui m'encourage à poursuivre cette écriture et ce voyage... dont je refuse qu'ils cessent. Ainsi tous mes lecteurs continueront-ils le voyage avec toi, douce et indispensable Ida ...


Je suis arrivé à Barcelone dans un drôle d'état. En fait, c'était quasiment la première vraie étape, au sens où je n'allais pas chez quelqu'un, mais où je devais retrouver Sylvie. Cela faisait partie du deal de départ. Des retrouvailles, au moment où Sylvie serait libre. A elle de préciser le moment et le lieu, en fonction de l'avancement de mon projet et des possibilités logistiques. Ainsi s'est imposée Barcelone, dont l'aéroport accueille de nombreuses destination bon marché. 
Après tout, pourquoi pas ! Barcelone est une belle et grande ville, très accessible, pleine d'Histoire et d'histoires.
Reste qu'il faut y arriver à Barcelone. J'avais fait, la veille, étape à Sitges où j'avais passé ma première nuit sous la tente avant de partir  au petit matin.  C'est là qu'un compatriote, voulant m'expliquer les subtilités des mentalités catalanes et espagnoles, m'a rappelé que les Français n'étaient pas toujours bien vu dans le secteur. De jeunes compatriotes viennent en effet se saouler sur les plages proches, bruyamment et salement.

J'avais l'intention de trouver un camping à proximité de l'aéroport. Mauvaise pioche. Non seulement ces campings annoncés  sur la carte Michelin n'existaient pas tellement mais en plus, les accès au grand aéroport de Barcelone,  sont exclusivement réservés aux véhicules motorisés sauf les tracteurs. 
Je suis têtu. C'est d'ailleurs l'une des conditions du cyclo-camping. Je venais de réparer une énième crevaison, j'avais franchi une passerelle pour piéton passant au delà de 6 à 8 voies qui allaient et revenaient vers l'aéroport, j'ai interrogé des chauffeurs de taxi ... Bref !  Je suis têtu, mais il m'a bien fallu admettre qu'il n'y avait pas de camping sans parler du fait que l'idée était stupide : qu'est ce que j'aurais fait d'un vélo chargé comme une mule dans le hall de l'aéroport ?
J'ai repris ma route vers Barcelone, empruntant les voies cyclables quand il y en avait ... et quand il n'y en avait pas des chemins gravillonnés, des escaliers, des passerelles... Cependant, plus je pédalais, plus les grands axes étaient praticables et ressemblaient aux grandes avenues de Barcelone, ce qui me faisait penser qu'on approchait du cœur de la ville... 
C'est là je fus cueilli par une nouvelle crevaison.  
Coup de chance : un hôtel se tenait à proximité. Coup de malchance : coup de malchance, il était plein.  Le patron compréhensif me signale un office de tourisme sur la grande place à côté. 
Ainsi fis-je connaissance avec la Place d'Espagne, traînant mon lourd vélo que j'avais refusé de réparer pour quelques mètres. 

Vue de la plaza d'Espana à Barcelone. Un lieu stratégique.
Les arènes sont devenues un centre commercial et tous les
; bus touristiques passent par là. Ici, la vue est prise sous le
soleil. Quand il pleuvait, je n'étais pas en état. 
Hélas ! la pluie arriva en même temps que moi sur ce lieu-clé de la cité. En guise d'office de tourisme, la jeune femme qui tenait le simple kiosque m'annonça qu'elle n'avait pas accès à internet et qu'il fallait me rendre sur l'autre place-clé de la cité : la place de la  Catalogne. 
Allons, me dis-je, pas question de se laisser démonter par cette rafale de contrariétés. Bientôt le vent me sera favorable.   
En attendant, je continue de pousser mon lourd vélo crevé sous la pluie au milieu des artères de la ville dont je ne comprends toujours rien. Je remarque une lourde présence policière qui accompagne une drôle d'ambiance perceptible malgré les avenues trop larges. Les cafés pleins annoncent la retransmission de matchs à la télé ... et c'est là que je réalise : ce soir, ont lieu les dernières rencontres du championnat. La grande équipe du Barça n'a qu'un point d'avance et se déplace à Grenade. Pendant ce temps là, le Real, l'adversaire historique, joue à domicile. C'est un événement sportif européen, comme tout ce qui chatouille le Barça.


Le magasin du Barça, qui accueille les voyageurs
dès leur sortie de l'avion. C'est dire la solitude
ressentie un soir de folie footbalistique quand
on se promène avec son petit vélo crevé. Il y
a un temps pour tour !

Ah ! L'Espagne, même quand on est Catalan du Barça, même quand on est financé par le Qatar, que les maillots exhibent ... Ah, l'Espagne, ça a quand même du bon !
Voilà une bien terrible façon de prendre contact avec la ville. Sur la place de la Catalogne, au milieu des cris, pas de trace de l'office du Tourisme. Il est en sous-sol ! Je m'y rends quand même. On m'y explique qu'on ne fait pas de réservation pour les hôtels bons marché. Il faut que je les trouve moi-même ... et non, on ne va pas garder mon vélo. 
Et c'est ainsi que, descendant la fameuse rambla de Barcelone, je suis enfin tombé sur un magasin de souvenirs, tenu par une famille indienne, qui me proposa une chambre à 40 €, prix qui descendit à 35 €, lorsque je leur demandais s'ils avaient un lieu pour mon vélo. Bref! Si le prix était à la tête du client, sans doute avais-je une bonne tête ! 
Les meilleurs churros (xurros en catalan) de
Barcelone se trouvent à coté de la station
Marina, où Sylvie avait loué pour une semaine
Je m'accrochais sur ce moment d'optimisme pour reprendre pied, avant de sortir dans la ville, goûter aux meilleurs churros de Catalogne et sans doute trouverais je le moyen de réparer ma crevaison dans de bonnes conditions. 
Le mauvais épisode était passé. 
Je pourrais bientôt accueillir Sylvie dans de bonnes conditions et tâcher d'aborder cette ville sous un autre angle.
Mais ce sera l'objet d'un nouvel épisode.



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