lundi 20 juin 2016

Premiere fracture a Genes

Rien ne me retenait à Santo Stefano. Très vite, j'ai descendu la forte pente qui menait au camping et j'ai ainsi mesuré la difficulté que j'avais eu à y parvenir. 
La piste cyclable suit la ligne de chemin de fer
et offre entre deux tunnels une vue littorage
magnifique
Mais pourquoi donc, me disais-je en pédalant le long de l'aménagement des bords de la riviera en piste cyclable, font ils des campings sur les hauteurs alors qu'ils beneficient d'un tel littoral ?  
Et cette vue, j'en profitais pleinement. J'allais a un peu plus de 22 à l'heure. La meteo était ideale. 
Paysage découpé, agrémenté par
des iles
Un peu plus loin, bien sur, à San Lorenzo pour etre précis, la piste s'arrete sans prévenir. N'importe ! La circulation n'est pas trop dense et l'on domine le paysage maritime lorsqu'on s'élève ... et lorsque l'on ne s'élève pas, c'est qu'on se mele a la circulation des bords de mer, regardant les gens sur les plages et beneficiant de l'attention décuplée des automobilistes. 
C'est pas seulement le sens interdit, que j'ai
d'ailleurs bravé.. mais il y a au fond des
barrières qui précédent un barrage à dissuader
le plus hardi des cyclistes
Au train ou j'allais, je me voyais dormir un peu après Gènes. 


J'avais bien lu quelques avertissements, mais je ne m'em faisais pas. On parlait de route interdite, d'autoroute, mais cela ne saurait concerner un humble cyclo-campeur ... Tu parles !
Au train ou allaient les choses, je me voyais déjà arrivé à Arenzano. A 10 km d'une grande ville comme Genes, on peut dire qu'on est en banlieue ...
Voilà, je me dis . il suffit de monter là haut.
Mais j'avais pas tellement envie
Bah non ! J'avais déjà fait l'erreur, je ne sais plus ou, mais contrairement a Louviers, par exemple, ou les interdictions sont souvent des indications a destination des automobilistes, la magnificence du paysage maritime ne doit pas faire oublier que l'on longe les Monts Ligure et que, grande ville ou pas, un glissement de terrain est un glissement de terrain. 
Un immense sens interdit refroidissait toute initiative. Au loin, visiblement le tunnel était encore écroulé et ni véhicule, ni meme piéton n'y avait acces. Pire : le seul contournement possible était l'autoroute. 
Il fallait certes monter là haut ! Et
quand j'ai pris la photo, je pensais
avoir fait le plus dur 
J'étais pris entre deux interdictions... Jusqu'a ce qu'un brave ne prenne mon cqs em consideration. Il y a une route pour les velos . "vous voyez là-haut ? Bien, c'est encore plus haut. Mais pour les velos, c'est la seule possibilité. On me parlait de chemins, de blocs de béton, de ciment et d'aller à droite, puis à droite, puis à droite ..."
Je me disais : "je ne comprends pas tout, mais je trouverai bien ..."
En fait, je n'ai trouvé qu'après m'etre plusieurs fois perdu. Après plusieurs passages sur ce qui semblait etre des chemins de randonnees, mais ne debouchaient que sur ronces et boue, Je revenais devant les blocs de béton qui barraient la route en ciment, qui en semblaient là pour interdire  qu'on ne se précipite directement sur l'autoroute. Je me suis dit : "c'est pas vrai ! Il ne veut pas me faire passer par là ... "
Eh ben si ! J'ai faufilé mes gros sacs entre les blocs. Je suis descendu à pied en èclaireur. Et puis en avant ... dans une descente a 25 % ... Crevant de trouille sur mon vélo recevant choc sur choc. Finalement, le chemin passait sous l'autoroute et débouchait sur la nationale. Le glissement de terrain était sur la droite. En face, il y avait un camping.  J'ai cru au miracle.
Bon, disons-le : le camping était cher mais pas génial. Au moins, me dis-je, la route étant barrèe, je devrais passer une nuit au calme et me remettre de mes émotions ... 
En fait, c'est la rencontre avec Maurizio qui m'a réconcilié avec l'existence. Maurizio était content de croiser un cyclo-campeur comme lui: Il se rendait a Compostelle, il prévoyait des étapes de 200 km. Il avait peu de temps et avait déjà acheté son billet de retour. ça tombait bien. Je venais de faire le chemin en sens inverse. Il m'a offert une bière. C'était vraiment ce dont j'avais le plus besoin. Je lui ai offert ma carte michelin du sud de la France, dont je n'avais plus besoin ... et puis on a été se coucher. Il devait se lever de bonne heure, forcèment, vu le programme. 
Moi, sitot allongé, j'ai mesuré la vanité de mes calculs . D'accord, il y avait très très peu de monde sur la nationale, mais ce n'était pas le cas pour la voie ferrée, très fréquentée ... ni surtout pour l'autoroute, qui passait juste au dessus.







mardi 14 juin 2016

Evviva l'Italia

En guise de preambule, autant le dire tout de suite, je demande indulgence. C'est que j'ecris sur un clavier italien, ou il n'y a pas d'accent, ou les q sont a la place des a, ou le m est a cote du c ... Bref, il y aura des fautes: J'essaierai d'en faire le moins possible, mais il y en aura beaucoup plus que d'habitude... Au moins cette fois-ci aurai-je une bonne excuse .... Meme si je promets de remedier a ça des que possible ... sauf que ce sera pas demain la veille. 
Selfie de cousins
Donc, apres un selfie-cousinade,il ne me restait plus qu'a foncer vers l'Italie. Je pensais que cela serait assez rapide vu que j'avais pris de la hauteur a Speracedes. Le probleme, c'est que pour aller a Grasse, il fallait en prendre encore plus. 
Mise en jambe d'autant plus difficile, que je ne pouvais pas utiliser mon petit plateau... 
C'est donc en crachant mes poumons que j'atteignis la capitale du parfum et que j'obliquais vers la cote, a Cagnes sur mer. 
Vue de Speracedes. L'hiver, on aperçoit parfois
la Corse. On voit la mer tout en bas...
 Pour autant, on n'y accede  pas en ligne
droite en descendant

Casse-croute sur la plage de petits galets. On n'y pense pas habituellement, mais les plages de petits galets, a la niçoise, sont un bienfait pour les cyclistes. On peut amener le velo sur la plage sans risque pour les engrenages. 
Bon, une fois le ventre rassasie de saucisson et de fromage, une fois l'oeil rince des beautes de la plage, il etait temps de repartir.
Les bateaux se croisent au large de Nice et font toujours rever
On se rince encore de quelques images. La route est belle. Je regarde en passant a Nice les ferries partir pour la Corse, en me disant que peut etre les oncles d'Olivia sont dedans ... Mais il y a tant de bateaux. Ils se croisent sans arret. Ce sont des navettes.
Plus loin, on apprecie les vues plongeantes sur les plages, comme a Villefranche sur Mer. La route en corniche est magnifique et sans difficulte.
Vue plongeante de la Corniche a Villefranche 
Et puis voila qu'on arrive a Menton, derniere ville avant la frontiere.
J'ai fait une derniere pause. Une frontiere ce n'est pas rien. Je les aborde toujours avec emotion. 
Elles peuvent sembler inoffensives. Ce n'est pas vrai. 
Je regardai en prenant ma derniere consommation a la française, la frontiere au bout de la baie. En marchant le long de la plage, on y est. Mais l'Etat français ne l'entend pas de cette oreille. 
Premiere vision de l'Italie
Ainsi, apres avoir constate que deux voitures de collection etaient venues voler la vedette a ma bicyclette sur la petite place devant le bistro, je me suis risque a me lancer sur une voie interdite, avec deviation obligatoire. 
Que tchi, me dis-je ! C'est pas pour les velos !
Tu parles ... C'est une bonne ame de touriste pietonne et anglophone qui avait fait les kilometres pour rien et qui me conseilla de ne pas insiter.
La belle voiture qui vient cacher mon beau velo
De fait, en maudissant l'Europe et la politique regressive des Etats incapables de concevoir une politique d'accueil des refugies ... et qui de surcroit me contraignait a une montee supplementaires, j'entendais la police des frontieres jouer a qui qu'en aurait eu le plus... C'est bon pour la prime, ça, mon pote. 
Montee obligqtoire vers la frontiere. 
Il etait temps que je quitte l'endroit. Ce que je fis, puis descente vers Bordighera, San Remo que j'atteignis d'autant plus facilement qu'une piste cyclable aussi peu signalee que magnifique, reprend une ancienne voie de chemin de fer tout en rendant hommage a La Classique le Milan/San Remo, dont tous les friands de velo sont fondus.
Comme la piste cyclable reprend l'ancienne
voei ferree, ben voila, on passe devant
l'ancienne gare de San Remo
Seul petit souci : la difficulte de trouver un camping alors que j'en cherchais un. J'ai du aller jusqu'a Santo Stefano, dans un camping situe sur les hauteurs et ou, comble du bonheur on donnait ce soir la le karaoke du samedi jusqu'a 2 heures du matin ... De toute façon, ce soir la, apres mes 200 km, rien n'aurait pu m'empecher de dormir.








Départ de Speracedes

vendredi 10 juin 2016

Changement de programme

Je ne remercierai jamais assez Olivia Paoli pour les rencontres qu'elle occasionné, entre elle-même au Beausset, puis son amie Carole à Marseille, et enfin, sa famille, père, mère et oncles à Fréjus qui m'ont permis de ne pas garder de la ville un regard triste.
Francis, Alain, Charly et Dominique Paoli
Personnalités marquées, conseils précieux, et une ouverture au
monde qui ont laissé des traces dans les générations suivantes
Au delà de l'accueil chaleureux et attentionné j'ai eu droit à un cours précis de géographie local et à un conseil valant de l'or : "longez le littoral, qui est magnifique. Ici commence la vraie Côte d'Azur, avec l'Esterel. La roche rouge qui donne dans le bleu azur de la Méditerranée."




Les sacoches Vaude, pourtant faites pour ça,
n'auront pas supporté les 4.000 kilomètres de
secousses. 
Avant de partir, Francis m'a fait remarquer que je perdais une sacoche. Première trace d'usure sérieuse qui contraint à un rafistolage en fil de fer que Charly a exécuté. Comme tout bon rafistolage, il devrait mieux tenir que l'original. 
Et puis, sans traîner, je me suis lancé vers l'aventure, me disant que j'étais en train de vivre mes dernières heures en France avant un quelques mois. Raison de plus pour profiter au maximum des paysages de la vraie Côte d'Azur. 
A peine quitté Saint Raphaël, on entre dans un autre monde
Et c'est vrai que De Saint-Raphaël à La Napoule, la vue est une merveille. D'ailleurs, ce serait presque un abus de langage. On se rend bien compte en pédalant que toutes ces plages se trouvent sur le territoire de la commune de Saint-Raphaël qui squatte ainsi les plus belles plages de France. Ainsi, St Raphaël a-t-il sa propre existence, ce dont on a du mal à se rendre compte lors qu'on découvre la commune dans la continuité urbaine de Fréjus. 
On m'avait dit de préparer mon appareil photo. Oui, j'ai pris des photos. Certaines partagées directement sur facebook ... qui m'ont valu des commentaires désobligés : "Arrête de nous narguer  ! m'a dit Leila ... Il y en a qui bossent."
J'ai de la chance. Je sais. 
C'est pas pour narguer, surtout pas, mais pour que jamais, en dépit du pire, pour que jamais disé-je, on n'oublie la beauté. 
Ainsi me suis-je rendu jusqu'à Cannes, sur la route littorale, qui propose une corniche indulgente avec les cyclistes. Le danger vient juste des véhicules finalement, mais il y a pire dans le genre. 
A Cannes, je décidai de faire ma pause, la dernière avant l'Italie. 
L'Esterel, vu de Cannes. Dernière vue avant l'appel du cousin

Je reçus un appel de Jean-Michael, mon cousin alors même que je me préparais à repartir. Il m'invitais dans son village à Spéracèdes, venant tout juste d'atterrir après un séjour à New York. 
J'étais heureux de revoir mon cousin. Je ne l'avais pas vu depuis que Geneviève, sa femme, nous avait quitté ... et puis, je m'étais depuis longtemps promis de visiter son lieu d'adoption sans jamais pouvoir le faire. Or donc, j'optais aussitôt pour un changement de programme. L'Italie attendrait un jour ou deux. 
Grassse n'est pas seulement la ville du parfum, elle est
déjà un petit bout d'Italie perchée sur les hauteurs.
Ce que je n'avais pas réalisé, c'est que, bien que proche de Cannes par le kilométrage, la commune de Spéracèdes s'élève à quelque chose comme 400 m. et que je suis passé par Grasse avec une route qui s'élève à plus de 500 m. Bref, ce joli coin, ce joli nom, cette vue magnifique, tout cela se mérite. Après quelques sauts de chaîne, j'ai profité d'une averse devant le décathlon de Grasse pour faire ausculter pignons et plateaux. 
La parfumeuse, statue devant le musée de la
parfumerie à Grasse. 
Ils m'ont laissé repartir sans me faire payer, mais sans rien arranger non plus. Si la chaîne saute, c'est parce que non seulement les pignons sont usés, ce qui, après près de 4000 km n'a rien d'étonnant, mais aussi parce que le dérailleur est trop proche des pignons. Bref, conclusion de l'expert : éviter de croiser petit plateau et moyens pignons... et penser à changer la cassette de changements de vitesse. 
Voilà, ce type de paysages est plus méritoire
à obtenir que les vues du littoral, pour
information, même si de Spéracèdes on peut
voir la mer par beau temps, ce que l'on voit au
fond, c'est un lac artificiel de retenue d'eau
q
Voilà qui ne m'a plu qu'à moitié. J'ai heureusement été récompensé par la grandeur des paysages et l'accueil magnifique de mon cousin, bien qu'il ne fut pas totalement remis de son voyage ni du décalage horaire.  




Ci-dessous, quelques vues, en contraste avec les approches littorales. Sans doute les prochains articles seront écrits en Italie. J'hésite encore à longer un peu longtemps le littoral ou à rejoindre la route francigène. Vous ne connaissez pas la voie Francigène ? Moi non plus, enfin, moi non plus avant qu'Agnès ne m'en parle il y a 15 jours. 
L'arrière pays Cannois, vu d'en haut. 
Vous ne connaissez pas Agnès non plus ? Bon, alors pour la voie francigène comme pour Agnès, je vous parle de tout cela quand je serai en Italie. Promis. Mais si vous voulez avoir un aperçu de la via francigena, cliquez ici.










Reprise avec vidéo n°2


En fait, c'est ce que tout le monde connaît lors des reprises d'entraînement ... mais en plus dur. 
C'est un concert tragique qui a interrompu ma course folle. L'annonce de la disparition d'Ida, et de celle de l'enfant attendu d'Anne-Josy et d'Axel. Ce climat lourd a été accompagné par un autre bouleversement : celui de retrouver son foyer, ses amis, sa ville après deux mois d'absence. 
Difficile de dire ce qui me touchait le plus entre ce qui avait changé dans la ville, et ce qui n'avait pas changé. Sans doute au delà de ce que je ressentais encore du voyage, de l'éloignement, j'éprouvais un besoin de confort lié à ces disparitions. 
C'est ce besoin de confort qu'il s'agissait d'évacuer d'une ruade. Si je ne reprenais pas la route rapidement, je ne repartirais jamais. J'ai pensé à ce moment à l'hommage à Ida, pour qu'elle continue de m'accompagner. J'ai constaté avec plaisir que ce texte avait été lu 650 fois en 3 jours, soit beaucoup plus que tout ce que j'ai écrit jusqu'à présent. Toutes ces lectures m'accompagneront sur la route. 
Comme disait Blaise Cendrars : "quand tu aimes, il faut partir..."
Après le dernier au revoir à Ida, j'ai pris la route pour Paris, saluer mon Papa, passer une soirée avec ma soeur Anne et mon frère ... avant de prendre un car pour Toulon qui m'installait définitivement dans l'inconfort. 
J'ai repris le surlendemain le vélo que j'avais laissé chez Olivier Aubert, qui non content d'un accueil chaleureux s'est fendu de m'accompagner et d'en tirer la vidéo que voici. 
La route, le voyage continuent... et je me suis mis à pédaler direction Fréjus. 
Dernière vue sur Hyères avant la reprise
Fréjus ! Décidément ... Je constatais que depuis mon départ, j'aurais traversé 4 communes gérées par le Front National, entre Mantes, Béziers, Cogolin et Fréjus. Sans parler de celles qui ont déjà eu une histoire avec ... Toulon, Saint Gilles ... voilà qui donne vision tellement triste de la France. 

Voilà finalement le vrai inconfort, celui que chassent les coups de pédale. Dès le départ d'Hyères, on est dans la côte d'Azur, ou quasiment. 

Tiens, le Cap Nègre, que je ne connaissais que
par ce que le Canard Enchaîné transmettait
des démêles de l'ancien Président voulant faire
plaisir à sa belle mère. Pour ma part, j'ai pas été
au delà du panneau.
La mer à perte de vue, la méditerranée, le littoral, le vent frais éloignent les mauvaises pensées. Très vite, on côtoie les Maures... Reste qu'après ces kilomètres parcourus, dans un contexte somme toute agréable, j'ai atterri chez les Paoli, pour une belle soirée à Fréjus qui se promettait d'être la dernière étape avant l'Italie. 





mardi 7 juin 2016

Ida au paradis

Ida, dès son enfance, était passionnée de ballon. Toute petite elle était fascinée par le rebond. Elle entra dans le monde merveilleux du basket pour n'en sortir jamais. Elle a tout fait dans le domaine, avec une constante : servir le jeu. 
Ajouter une légende
Ida est au paradis du basket.
Ida dès sa naissance a aimé la compétition et tout le plaisir que l'on peut retirer du combat. Elle a savouré toutes les victoires en tentant d'oublier les défaites. Ainsi a-t-elle affronté la maladie avec vaillance. 
Ida est au paradis des championnes.
Ida était belle. Elle plaisait au monde et le monde lui plaisait. Elle avait la grâce d'une classe naturelle. Un port altier, un regard clair qu'on ne pouvait oublier sitôt qu'on l'avait rencontrée. 
Ida est au paradis des grâces. 
Ida avait soif  de connaître. Tout apport la rendait heureuse et lui donnait envie d'en savoir plus. Cela touchait tous les domaines  de l'existence, les sciences, les arts, les amis. Ida aimait les livres, elle aimait la musique, le jazz, le cinéma, la fantaisie. Ida est au paradis de la culture.
Ida aimait la justice. 
Elle s'engageait Ida. Après avoir fait la campagne pour Ségolène Royal en 2008, elle avait adhéré au Parti radical de gauche et en était devenue trésorière départementale. Elle ne loupait pas un café radical. Elle aimait le débat quand bien même cela ne l'empêchait pas d'avoir des amis qui entre eux se détestaient tellement qu'ils étaient incapables de se parler. Dans le sport, comme dans la politique, Ida donnait tout d'elle-même sans en attendre rien en retour. Ida était indignée des injustices du monde. Elle a voulu que l'on offre  l'argent qu'on aurait pu mettre dans les fleurs et couronnes aux "jeunes écoliers du Monde", l'association qui aide les enfants de Madagascar. Partout, elle refusait que l'on se soumette à l'oppression ou à la misère. 
Ida est au paradis de l'engagement. 
Ida aimait l'amitié et l'amour. 
Plus la vie passait et plus elle donnait l'impression que les joies devaient prendre le pas sur le ressentiment, toujours. Plus le temps passait et moins il fallait laisser passer les plaisirs de la rencontre et du corps. Ida est au paradis des amours. 
Ida aimait la ville, elle aimait sa ville. Peut-être même considérait-elle Louviers comme un club, une collectivité qui devait être belle, donner du plaisir et gagner. Ida a amené un peu de Louviers au Paradis. 
Curieux, tous ces Paradis qui l'accueillent alors qu'elle ne croit pas au Paradis.
Elle n'était pas seulement laïque, elle était athée.
Elle n'avait pas besoin de foi pour être la grâce. Les 3 lettres d'Ida se retrouvent dans les 7 du Paradis. Ida est un ange qui est passé nous saluer, nous donner quelques leçons avant de retrouver son monde. 
Ida, grande assidue du Moulin, pour tout ce qui
se faisait dans ce lieu de vie unique.
Pour lui dire au-revoir, tous les amis qu'elle a côtoyés, étaient si nombreux à lui rendre hommage. Au fond savent-ils tous qu'elle ne nous a pas quittés, qu'elle est un souffle qui nous accompagne à jamais, que la leçon qu'elle nous a donnée porte ses fruits.  

Toute ma pensée à tous ceux qui l'ont aimée, accompagnée, et en premier lieu à ses fils, Baptiste et Cyril, qui étaient tant pour elle. 
Ida, Eliott, la mer

Quant à Ida, oui, comme je l'ai dit, je continue aussi mon voyage pour elle, parce qu'elle adorait les voyages, le vent nouveau. J'aime à penser qu'elle me suivait comme elle le pouvait. 
Voilà ce que j'étais venu lui glisser à l'oreille, lorsque j'ai interrompu mon périple pour aller lui dire au revoir. 








Marseille Hyeres

A priori l'étape ne comporte pas de difficulté particulière. Mis à part le fait que j'ai dû me retrouver sur le trottoir de Marseille à 7h. du matin, Carole mon hôte, ayant réservé son billet pour aller  honorer sa maman à Nice à l'occasion de la fête des mères.
En fait, au vu du soleil, c'était plutôt ce qui pouvait se faire de mieux, même si les 5 heures de sommeil que j'avais derrière moi étaient un peu juste pour compenser l'étape épuisante de la veille. 
Je me suis un peu perdu dans Marseille avant de demander à un cycliste la route de Cassis. Bonne pioche, à Marseille, tous les cyclistes connaissent la route de Cassis . Une bonne montée sur le parcours : le col de la Gineste. J'ai eu d'autant plus de mal à le franchir, que je pensais qu'il culminait à 200 m. et des poussières alors qu'il est quand même répertorié à 327 m. (pente moyenne de 4,4 %, avec un passage à 12%).  Sur ses hauteurs, il offre la promesse d'une belle descente avec vue sur les Calanques. 
Je n'ai cependant pas pris de photo en dehors de celle du haut du col. Ça allait trop vite, et ça faisait tellement de bien. Vous m'excuserez. 
Un nouveau col ... et puis tilt : est-ce que le nom
de ce col a à voir avec celui de la portella della
Ginestra ? 
Le nom de ce col évoque pour moi un terrible épisode de l'Histoire récente de la Sicile. L'histoire d'une manifestation sur laquelle Lucky Luciano, chef de la mafia, a fait tirer, on ne  sait toujours pas bien pourquoi. Cela se passait sur la commune de Piana degli Albanesi  le 1er mai 1947 à la Portella della ginestra. Gineste, Ginestra, genêt sans doute. Francesco Rosi en a fait un film et Andrea Camilleri en parle d'une manière émouvante dans un récit où il explique pourquoi il est depuis l'attentat, incapable de boire un verre de vin rouge.
La Piana degli Albanesi, La commune où la mafia  commit
l'effroyable attentat sous la direction de Salvatore Giuliano
Bah ! me dis-je ... Ça me fait une  raison supplémentaire d'aller en Sicile, entendre et voir de quoi il retourne. Même si cela renforçait un climat d'idées 

Ida à la barre
Mais le plus difficile bien sûr, ne fût pas là. A peine arrivé à Hyères, j'apprenais par Pauline qu' Ida venait de perdre la terrible bataille qu'elle menait depuis des années.
Ici, je décidai de faire une pause dans  mon périple et d'aller chercher réconfort auprès de mes amis. Le prochain post sera consacré à Ida. 




dimanche 5 juin 2016

Montpellier Marseille Carole

J'ai été de Montpellier à Marseille comme un défi. J'ai quitté Sonia au petit matin en me disant que Marseille, n'était quand même pas la porte à côté. M'attendaient entre autre la traversée de la Camargue, dans laquelle je me suis lancé après une pause méridionale à Aigues-Mortes. 
Au moment où, ayant visualisé l'endroit où j'allais pouvoir manger mon casse-croûte à l'ombre, j'installai mon vélo, contre un mur, je vis s'approcher un gamin, puis deux, puis trois, puis un centre aéré en entier, assisté d'un moniteur leur demandant de se bien tenir. Foutu ! Il n'y avait plus de places assises. 
Cela eut pour avantage de m'obliger à m'avancer davantage dans la bourgade historique, vers une autre place dédiée à Saint Louis, qui me permit de trouver mon bonheur : une place à l'ombre.
Je choisis de revenir peu après prendre un café non loin de ma première pause et où j'avais déjà pris une glace 15 jours avant. Me pointant avec mes gourdes à la recherche d'un point d'eau, le patron du bistrot qui venait de s'assoir devant un plat, quitta sa chaise pour me servir lui-même de l'eau bien fraîche au bar. Il y avait là de quoi me requinquer pour le restant de la journée qui s'avéra toutefois difficile, en particulier à partir d'Arles. 
C'est à Arles en effet qu'il faut longer le Rhône, mais sur l'autre rive. Comme jusqu'alors j'avais eu le vent dans le dos, je m'attendais à une suite un peu difficile. 
Je n'avais pas tort. J'ai un vent de face pendant une trentaine de kilomètres et la difficulté se corsa encore lorsque, ayant voulu prendre un raccourci, je me rendis compte d'une erreur sur la carte Michelin. Elle avait indiqué un pont qui n'existait pas. Je me suis ainsi rallongé d'une bonne dizaine de kilomètres et alourdi d'un bon poids de découragement. 
Les choses changèrent à proximité de Port Saint-Louis. C'est là qu'obliquant sur la gauche, direction Fos-sur-Mer, je retrouvai un vent favorable et passais rapidement devant les cars de CRS imposant qui surveillait les abords du site pétrolier, en ces temps de grève et de pénurie pétrolière. 
Bien sûr, j'étais loin des soucis des automobilistes. J'en avais d'autres toutefois. La route que je parcourrai rapidement devint vite une 4 voies interdites aux cycles. Je tournais à droite et obtins des renseignements précieux auprès d'un camion-pizza qui me permit de parvenir à Martigues.
De là, on m'indiqua l'ancienne route de Marseille. La nuit tombait, il restait encore pas mal de kilomètres, et même en sachant que Carole, l'amie d'Olivia, était très arrangeante, il y avait de quoi s'inquiéter. Après tout, même en faisant totalement confiance à Olivia, je n'avais jamais vu Carole et arriver si tard, je l'avais déjà fait, mais justement, je m'étais promis de ne plus le faire. Heureusement, cette fois ci, j'avais un portable en bon état de marche.
Qui plus est, je me perdis une fois ou deux avant de parvenir à la dernière difficulté : Le Rove. Une montée difficile, surtout de nuit, mais qui, une fois franchie vous amène directement à l'Estaque, la plage de Marseille. De là, il ne reste plus qu'une quinzaine de kilomètres, parmi les plagistes, les joueurs de pétanque, avec un pénible choix à faire entre l'autoroute et d'autres voies mal fléchées. Après avoir reçu quelques réflexions d'automobilistes effrayés, je me retrouvais  peu avant minuit sur le Vieux port. 
Le Vieux Port à minuit à Marseille ce vendredi
soir. Un autre monde... mais rassurant en fin
de compte.
Un autre monde ! Des touristes, des promeneurs, bref, tout un paysage qui me faisait oublier la désolation que je venais de connaître durant deux heures. Je téléphonai à Carole, qui m'attendait et m'avait préparé des plats typiques tout en me faisant une conversation suivie sur la réalité des contes russes et sénégalais... ainsi que sur les notions comparées sur la corruption à Marseille, dans le département des Bouches du Rhône, dans certaines villes de la banlieue chic de Paris et ailleurs en France. Carole sait de quoi elle parle, elle est cadre territoriale et travaille dans les services de marché public. Elle m'offrit aussi des navettes de Marseille que j'allais déguster un peu plus tard. Je la quittais pour m'endormir et le lendemain, j'étais à 7 heures du matin sur la route. Carole avait dû me mettre dehors pour prendre un train. 
Des gens, comme Carole, on regrette vraiment de ne les avoir connu que deux heures dans sa vie.. 


Je vous ai apporté des bombons ...

Je suis resté peu de temps à Lairière. Pas qu'il n'y avait plus rien  à découvrir, mais il ne s'agissait finalement que  d'un salut très amical. Mais il ne fallait pas que ça s'éternise. Le voyage attend, ou plutôt n'attend pas. 
Je me suis rendu compte, pendant que Franck me prenait en charge, qu'il était temps que je m'arrête. Sur la route, en 3/4 d'heures, nous avons rencontré 4 sanglier, dont un solitaire qui est passé à 3 mètres du véhicule. Franck me raconta aussi qu'un sanglier avait foncé sur sa voiture sans toutefois insister après un premier choc. En vélo, ça n'aurait sans doute pas eu le même effet.
En reprenant la route, je me réalisais que j'avais un nouvel impératif. Sonia, me faisait la gentillesse avec Geoffrey, de faire à nouveau ville étape. Seulement voilà : je devais arriver le 26 parce qu'elle s'était prévue un week-end anniversaire avec tout ses amis. 
Anniversaire ! Nom de Dieu ! Anniversaire ! Elle m'accueillait pour son anniversaire et j'arrivais les mains vides. Je le savais depuis Barcelone et là, j'avais aperçu, à la Fondation Miró de nombreux objets, marqueurs de mon périple et de mon passage à Barcelone et qui, de mon point de vue, ne pouvaient que lui plaire ... Sauf que je m'étais dit que j'y repasserais obligatoirement, et que je n'y suis pas repassé. 
Ainsi, pédalant vers ma destinée, pendant que je m'imaginais faire une nouvelle pause à l'abbaye de Valmagne, et me résoudre à acheter quelques bouteilles de vins tout en me disant que les oeuvres gastronomiques des abbés valent généralement le détour ... Sauf que Geoffrey est un spécialiste des vins, et qui plus est, ce n'est pas parce que les cars de touristes appréciant la qualité du site font cartons pleins en repartant que la qualité du vin est garantie. 
Comme une apparition, une fabrique de
bombons juste à proximité de Pézenas.
Visiblement, un artisanat tout ce qu'il y a de
familial. Peu d'employés, mais une vraie réussite.
 Bref ! J'en étais là de mes pérégrinations lorsque j'aperçus, juste après Pézenas, une pré-enseigne signalant une fabrique de berlingots à proximité.Me revint en mémoire la chanson de Brel  qui a bercé mon enfance et le tour était joué. Les bombons ça plait toujours. 
Belle surprise, je ne pensais pas retrouver le paysage huitrier de l'étang de
Thau. Dommage, le temps ne me permettais pas de déguster huître et
vin blanc. Ce sera pour une autre fois.
Pour le reste, finalement, j'étais quasi-arrivé... Même si je réalisais que finalement, je ne passerais même pas par l'abbaye de l'aller et qu'au contraire je prendrais un chemin plus long qui me permit de passer par Bouzigues et profiter de la vue de la colline Saint-Clair qui domine Sète et l'étant de Thau. Qu'importe, j'étais à l'heure et je pus dégager de mes bagages une quantité suffisante de bombons. 



Téléphone Maisons ... le retour

Très vite, ça monte à la sortie de Plaja d'Aro... C'est bien normal, on quitte la plage et l'on va vers l'intérieur des terres, direction la frontière en passant par Figueras et La Jonquera connue de tous les amateurs de produits détaxés. En effet, j'avais choisi d'éviter Gijon, malgré le bon souvenir que j'avais de cette cité d'une grande
Un selfie sur le coll de la Ganga. Le dernier
100 % espagnol, enfin, disons Catalan. Une
moyenne de 2% mais quand même, un
petit passage à 10 % et d'autres à 7 %
beauté. 
Mais à vrai dire, tant qu'à revenir, tant qu'à rejoindre la Sicile par la voie normale, et sans doute aussi parce que seule la pluie m'avait empêché d'aller plus loin a veille, j'avais décidé d'aller vite. Je voulais revoir la France le soir même, et retrouver Franck et Gigi à Lairière. 
Hommage à Dais sur la grande route
qui va de Figueras à La Jonquera
Une fois franchi le coll de la Ganga, je suis entré dans une sorte d'euphorie, puisque la descente a laissé place à une belle route goudronnée, certes un peu passante, voire de plus en plus passante, mais avec une bande de protection latérale, pas vraiment faite pour les cyclistes, mais parfaitement utilisable et complètement sécurisée au moins jusqu'à Figueras. Pour couronner le tout, le vent m'a poussé jusqu'à ce que j'arrive dans la cité qui doit toute sa renommée à Salvador Dali. Pour tout dire même, une fois passée La Bisbal d'Emporda  où j'ai pu remplir mes bidons d'eau dans une station essence après quelque difficulté, on se retrouve dans une plaine extrêmement riche qui ne s'arrête qu'à Figueras en Espagnol, ou Figueres en Catalan.
Mais pas de pause touristique. J'ai continué à filer jusqu'à La Jonquera, où l'on trouve au milieu des grands centres commerciaux qui cernent la route jusqu'à a frontière au Perthus, une plaque rendant hommage à tous ces migrants qui ont fui l'Espagne franquiste il y a 80 ans dans des conditions que l'on devine abominables, bien loin des hyper-marchés que sont devenues les communes avoisinant la frontière. 
Le Perthus. Vive la France, vive la Catalogne
et vive l'histoire... Même si la plupart des
visiteurs ne s'intéressent qu'aux détaxes qu'ils
obtiennent dans ce vaste super marché. 
A signaler aussi, pour les amateurs de vélo, que la frontière française ne signifie pas la fin des efforts. Le col du Perthus, bourg partagé entre l'Espagne et la France, et où les navettes entre France et Espagne se remplissent de biens détaxés... le col du Perthus donc se situe encore 500 m. après la frontière et je dirais qu'a priori, ça monte à 6%, ce qui n'est pas la fin du monde, mais qui est d'autant plus pénible quand on pense en avoir fini. 
Allons, fini de geindre ! Après, c'est la descente. 
C'est vrai que j'ai toujours quelqu'apréhension. Mes freins commencent à perdre de leur efficacité, et j'ai beau avoir maigri, je leur demande quand même de ralentir une masse de 111 kg, mais enfin, c'est toujours agréable de se laisser aller. 
Le col de la Bataille (coll de la Batalla en
Catalan pour situer où on se trouve)doit son
nom au duels judiciaires des temps féodaux.
Tellement agréable que je ne me suis pas vraiment rendu compte. 18 h à la frontière, cela m'amenait à franchir un autre col un peu plus loin, le col de la Bataille. 
Je le sais, les amateurs d'histoires seront sans doute déçus  mais selon la plaque ajoutée par l'office de tourisme, le col de la Bataille ne rend pas hommage à un fait historique mais à une pratique juridique issue du moyen âge. Je me suis arrêté pour photographier la plaque, mais guère plus. Il fallait que j'arrive pas trop tard si je voulais passer la nuit à Lairière.  
Mon vélo à Maisons, en attente des secours.
En fait, je me rendis compte assez vite que ce serait impossible. J'avais mal calculé le temps qui restait de la frontière à ces villages pyrénéens français qui sont beaucoup plus difficiles d'accès encore que du côté espagnol. Thuir, Millas, Estagel, autant d'étapes prestigieuses, mais on est loin du compte. Il me restait encore une cinquantaine de kilomètres à faire une fois la nuit venue. Lorsque ma pile rechargeable ne me permit plus d'éclairer, j'appelais au secours. Ça se passait non loin de Cucugnan (le fameux village du curé) que je frôlais, et Montgaillard, dont j'aperçus le magnifique éclairage nocturne dans un village qui s'appelle Maisons. Franck vint m'y chercher aux alentours de minuit. J'étais bien content. Pas fier de pas avoir pu tout faire, mais j'avais après tout parcouru plus de 200 km et mis à part cette fin peu glorieuse, j'avais eu une belle journée avec 3 cols au compteur.







Vamos a la Platja

Plus j'y suis resté, et plus je m'y suis plu. C'est dû, bien sûr, à la richesse de la ville, surtout quand on se demande au début  "qu'est-ce que je fous là ?" et que le temps passant, non seulement on y trouve sa place, mais en plus on se dit qu'on n'a encore rien vu et qu'il faut déjà repartir. Partir surtout, partir, parce qu'on a dit qu'on était là pour voyager et qu'on ne cherche pas le confort. 
Le marché St Josep, un lieu historique sur la Rambla, devenu
le lieu d'accueil de tous les touristes et où sont proposés
tout ce qu'il y a de meilleur en Catalogne ... le tout est de
pouvoir y mettre le prix. 
On se réhabitue vite à une vie sédentaire. À l'hôtel, où l'on avait encore baissé les prix, m'offrant une nuit à 30€, je ne savais plus si je devais vraiment y aller. Et même je me demandais si mon vélo serait en état d'avancer alors qu'on lui avait changé pneus et chaîne. Gonflée à bloc la machine !
Et puis voilà, une fois qu'on a mis ses sacoches, il faut bien se résoudre. Rien de mieux à faire que d'appuyer sur les pédales. Un dernier coup d’œil sur le marché Saint Joseph, puis descente de la Rambla et en avant pour la France ...
Quand on quitte Barcelone en vélo, on longe très rapidement la plages, puis les plages, pour des kilomètres, une cinquantaine pour être plus précis. On ne les quitte que de manière momentanée que pour de rares équipements industriels et commerciaux, Décathlon par exemple. Il y a beaucoup de Décathlon en Espagne, peut-être plus qu'en France. Pour ce qui est des plages il y en a pour tous les goûts, des plages de riches, des plages de pauvres, des plages nudistes. Les pistes cyclables les suivent, ou ne les suivent pas. C'est là qu'on se rend compte qu'on a changé de municipalité, des municipalités dont plusieurs affichent fièrement qu'elles ont signé la charte pour l'indépendance de la Catalogne. 
Longer les plages est bien agréable pour un temps, surtout quand le temps est beau. Il n'empêche qu'on n'avance pas bien vite, à slalomer entre les piétons, promeneurs ou plagistes équipés de raquettes, de matelas gonflables, quand ce n'est pas de canoës ... et qu'il faut en plus éviter les cyclistes venant en sens inverse ... avant de se retrouver sur le sable ... parce qu'on n'avait refusé de croire en la véracité d'un panneau interdisant le passage aux vélos.
Qui plus, est, à longer les plages comme ça, par beau temps, on se sent comme un désir profond de piquer une tête. 
Au fil des kilomètres je me demandai comment faire avant de me dire que le plus simple serait d'opter pour une plage nudiste. Là, pas besoin de se changer, de vider les sacoches pour savoir où se trouve ce fichu maillot de bain et où on a moins de chance d'ensabler ses affaires. 
J'en profitai d'ailleurs pour faire une pause repas conséquente. Et tout aurait été parfait si les nuages n'avaient lâché quelques gouttes, un peu en avance sur la météo. 
Après tout, j'avais pris un bain, la route était belle. Un peu plus loin, à l'approche de la Costa Brava, la route s'éloignait de la plage. En passant, je traversais Blanes. Souvenir d'enfance. Mon premier voyage en Espagne, je devais avoir 11 ans. Je garde en souvenir que nous avions décidé un soir de regarder par les trous de la balustrade un spectacle folklorique que nous n'avions pu nous payer ... et que nous en avions été chassé par la guardia civil de Franco. C'était la première confrontation avec la dictature. Je ne me rappelle pas grand chose d'autre. 
Plus tard, j'ai abordé la corniche, qui se transformait en route montagneuse à l'intérieur des terres et plus je pédalais plus le temps se couvrait et n'ayant guère envie de me confronter à l'orage, je décidais de m'arrêter sitôt que j'aborderai un site maritime. 
Ce fut Platja d'Aro, station balnéaire située juste après la descente Sant Feliù de Guixols,  que j'avais abordé après m'être fait ovationné par un car de touristes. 
Un panneau et un souvenir d'enfance. Je n'ai
pas eu le coeur d'aller jusqu'à la plage. 
Il était temps. A peine arrivé, à peine payé et indiqué l'emplacement de la tente, les premières gouttes me tombèrent dessus avant d'avoir droit à une douche puissante qui m'interdit de monter la tente pendant deux heures. 
Désagréable, sans doute, mais encore une fois, je me consolais en me disant que j'avais eu de la chance d'éviter de rouler sous les orages. Demain, ce serait sans doute Figueras, le Perthus et le retour en France.