dimanche 21 août 2016

vous reprendrez bien un peu de mozzarella

Alors, je suis allé à Bénévent.
Dernière vue sur Sperlonga à l'heure du
petit-déjeuner
Bien sûr, la route la plus directe pour la Sicile longe la mer Tyrrhénienne. Elle suit la côte, passe par Naples, Salerne, Paestum, Velia, Palinuro, et autres paysages traversés dans mon enfance dont je garde des traces indélébiles. Elle mène par la suite au cœur de la Calabre où je ne suis passé qu'une fois, de nuit, et dont je garde un souvenir ravi de terrible tempête connu au début de l'année 1980, lorsque je vivais en Italie et que j'avais décidé de rendre visite à la famille d'un ami en Sicile. 
Les routes, la ligne de chemin de fer, suivent le même chemin. Le 
train est un lieu de socialisation reconnu en Italie, objet d'oeuvres artistiques, de chansons, et Conversations en Sicile, le roman le plus connu du grand écrivain Vittorini fait jouer à cette ligne un rôle majeur. Ici, s'y révèlent toutes les vérités. On parle dans les trains italiens. C'est d'ailleurs là que j'ai appris la langue. Vittorini, avait aussi une raison supplémentaire de rendre hommage au rail : son père était le chef de gare de Syracuse. 
Moi même, j'étais fasciné depuis toujours par cette ligne de chemin de fer, qui s'arrêtait un peu partout et qui allait vers la Sicile. J'étais sur que la chanson Bocca di Rosa, se passait sur cette ligne et que le Sant'Ilario dont il y est question en était une station imaginaire. 
J'aurais été tenté de suivre la route qui suivait la ligne, qui suivait la mer... Mais ce n'était pas ma voie. 
Ce n'est pas tellement que je tenais à tout prix suivre la via francigena, ou suivre la voie appienne, passer par Capoue, la ville des délices e tutti quanti... Mais je m'étais quand même donné comme objectif de passer voir mes amis italiens, au premier rang desquels figure Alfredo, dont j'avais fait la connaissance lors des activités du comité de jumelage Louviers/San Vito dei Normanni.
Le golfe de Gaeta, début de l'étape
Alors, j'avais tracé mon itinéraire et celui-ci passait par Bénévent, ville dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce que Juliano, le coiffeur italien qui a marqué le début de ma vie politique à Louviers, me dise qu'il venait de Benevento, une petite ville qui, me disait-il, se trouve à côté de Naples. 
Bref, je redécouvrais l'existence de cette cité lorsque je réalisais qu'elle était la ville-étape obligée pour qui veut traverser l'Italie latéralement au sud. 
Une fois quitté, le camping, la première ville est Gaeta, cité militaro-touristique, qui borde la mer et la commune de Formia. On rejoint là le destin de Cicéron, mort sur les bords si délicieux de la mer. Je le découvre en pédalant, mais cela m'importe peu. Il fait chaud, et je me dis que tant qu'à faire, il serait bon de faire une pause pique-niquer avant qu'il ne fasse trop chaud et si possible au bord d'une plage. Ce sera le cas à Marina de Minturno, où j'aurais le plus grand mal à trouver une fontaine. 
Les bufflonnes à l'étable de Santa
Lucia, la grande laiterie de l'Italie du Sud
Je reprends la route après une petite sieste, indispensable moyen de s'adapter à la chaleur qui devient lourde. Je réalise, à voir les panneaux que l'on est dans le pays de la mozzarella. J'ai le souvenir de bufflonnes, les femelles du buffle, importées d'Amérique au début du 20e siècle et qui servent à faire le fameux fromage que l'on trouve dans toutes les pizzas. Ces bestioles paissaient tranquillement dans les champs lorsque je suis passé par là il y a plus de 40 ans. Je n'en voie pas une seule, mais un peu partout l'on annonce que l'on vend de la vraie mozzarella au lait de bufflonne. En fait je ne verrais ces bêtes que sagement rangées dans une étable dont la construction est le fait de la grande entreprise Santa Lucia. Une simple pause-photo avant de reprendre la route, la voie appienne heureusement limitée à deux voies, confortable, pas trop montante, et passant au travers d'une plaine d'une richesse inattendue, moi qui m'attendais à traverser un sud miséreux. 
Arrivée tardive à Benevento. Il faudra encore
quelques kilomètres avant de rejoindre un lit
Je traverse rapidement Capoue, malgré mon désir initial d'y prendre une photo, puis Caserte, autant de communes suburbaines qui semblent tout omettre de leur histoire. Je continue jusqu'à m'arrêter dans un dernier bar, après avoir franchi une côté difficile qui ne devrait pas se prolonger. Je me fais offrir des dragées par le patron qui vient de marier sa fille. A l'extérieur, les clients regardent mon vélo et me demandent d'où je viens. Bien sûr, ils ne connaissent pas Louviers, la Normandie ne leur dit rien, la France sans doute un peu. Tout cela leur semble loin, loin, loin. Ils me disent qu'il me reste une cinquantaine de kilomètres jusqu'à Benevento, cette ville qui s'appelait Malevento, mauvais vent, et qui a changé de nom à la suite d'une victoire.
J'y serais dans la soirée, juste le temps de trouver un hôtel, le seul qui soit signalé, et de toute façon, même sans chercher, je sais qu'au milieu des terres, je ne trouverai pas de camping. Fin de l'étape. Une pensée pour Juliano et demain sera un autre jour. 



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