lundi 22 août 2016

D'une mer, l'autre ...

Approche pédagogique de la Méditerrannée.
Dommage, la mer Ionienne y est absente.
L'avantage avec l'Italie, cette langue de terre qui s'avance au cœur de la Méditerranée, c'est qu'on peut changer de mer comme de chemise. Ceci est bien sûr moins vrai au Nord qu'au Sud, et c'est vrai aussi que le passage de la Tyrrhénienne à l'Adriatique m'a pris même deux jours en coupant de Gaeta à Margherita di Savoia en passant par Benevento, mais on avouera que c'est quand même plus court que de passer de la  Méditerranée à l'Atlantique. En voiture, cela ne prend que quelques heures. Et, bien sûr, si l'on va su Sud, on passe dans les Pouilles de l'Adriatique  à la Ionienne, et même depuis la Ionienne jusqu'à la Tyrrhénienne, tout cela le même jour. 
Bien sûr, on me dira que c'est trop facile, tout ça, c'est des déclinaisons de la même mer, la Méditerranée. Sans doute. Je disais ça avant et j'avais raison Mais en fait, qu'on se mette à la place des Italiens, quand vous vous avancez comme ça au milieu de la mer, il faut bien appeler les côtes d'une manière différente, sinon, on ne s'y retrouve plus. Admettons-donc qu'il y a bien trois mers différentes qui enserrent l'Italie, ajoutons même la Méditerranée, qui, en tant que telle, longe le sud de la Sicile.Quand même ! Dire qu'il n'y a pas de Méditerranée en Italie, ce serait abuser. La Méditerranée, il n'y a que ça en Italie !
N'empêche, d'une mer l'autre, d'une rive l'autre, je quittais Benevento dans l'idée de retrouver l'Adriatique, que je n'avais pas vue depuis si longtemps. 
Bien entendu, même si l'abord de Benevento se fait après quelques ascensions, je me doutais que la descente qui aborde la ville n'allait pas continuer jusqu'au rivage. 
En fait, j'avais arrêté ma course la veille à 19 h, conformément à une nouvelle décision, celle de ne pas me retrouver de nuit à chercher un hébergement, dans une région inconnue. Mon objectif aurait pu être de rejoindre Paduli, quelques kilomètres après Benevento, et qui était signalé comme point d'hébergement sur la Francigena. J'y avais renoncé un peu échaudé par mes mauvaises expériences précédentes et la perspectives de me retrouver perdu en pleine campagne ou pleine montagne ne me tentait pas plus que cela. 
Je mesurai le lendemain à quel point j'avais été sage. On quitte Benevento par un boulevard circulaire très inquiétant pour un maigre vélo, et encore plus pour une bicyclette chargée. Enfin, grâce à la carte routière, on se trouve heureux à sortir par la route qui mène entre autre à Paduli. De jour, j'ai repéré aisément le signalement de l'agriturismo, de la fattoria Paduli. Ce n'était pas à 10 mais à 15 km de la ville, après une montée difficile, que je franchissais sur le coup de midi. Pas de regret donc. La route montait toujours. Je profitais de la présence d'un café pour faire le plein de mes gourdes et m'informer malicieusement sur le nombre de kilomètres de montée qu'il me restait à effectuer. J'avais noter que le prochain village portait le nom sympathique de buon albergo, bonne auberge ... et j'étais sur qu'il marquait la fin de la montée et le début d'une descente vertigineuse vers la plaine. 
Pas du tout me dit la serveuse. Ca continue de monter après. J'étais au moins prévenu. 
Pendant le pique nique, j'ai regardé passer un petit groupe de cyclistes du dimanche. Je les ai rattrapé un peu plus loin, profitant d'une légère descente, et entamant une sympathique conversation. Je les laissai filer après une nouvelle pause. 
Sauf qu'à l'occasion d'une dernière montée assez sévère, je finit par doubler l'un d'entre eux, voyant d'ailleurs mon principal interlocuteur aller le soutenir. J'en tirai une certaine satisfaction. Après tout, si j'arrivais à déposer un cyclotouriste avec me kilos de bagages dans une côte, c'est que j'avais fait quelques progrès. Malgré tout, pas un parmi ce groupe ne me donna quelque chance d'arriver pour le soir au bord de l'Adriatique  
Vue des montagnes entre deux mers
C'est un peu plus loin, à Radogna, que nous nous retrouvâmes tous, le temps d'un au revoir. La météo n'était pas très bonne, l'orage menaçait ... Mais il menaçait ici, parce qu'on était en montagne. Au bord de la mer, à une cinquantaine de kilomètres, le soleil était assuré. 
Je n'avais plus qu'à enfourcher mon vélo et à foncer le plus possible, en espérant malgré tout arriver à un camping avant de me coucher.
J' arrivais à Cerignola à une heure encore correcte ... Sauf que ce n'était pas encore la mer, et la première plage se trouvait à Margherita di Savoia, commune qui a deux particularité. La première, celle de porter le nom d'un personnage historique, et la deuxième d'être encore la première réserve de sel marin d'Italie. Je ne sais pas pourquoi la commune maritime porte le nom de cette reine qui a tellement marqué l'Italie qu'elle a donné son nom à une pizza. Ce qui est sur c'est qu'elle n'avait pas grand chose à voir avec la récolte du sel, ni avec la commune elle-même. Le but était peut-être d'ancrer la ville dans l'histoire récente de l'Italie. Marguerite de Savoie a été reine de 1878 à 1900.
Quoiqu'il en soit, il était 19h30 et j'étais encore à 30 km du but, mais je ne me voyais pas dormir à Cerignola. 
J'ai dû battre mon record. Au loin, je voyais les montagnes de sel, et tout l'appareillage destiné à sa récolte industrielle. 
Je suis arrivé à Margherita la nuit tombée, fier de mon exploit ... vite douché par le fait qu'on m'indiqua qu'il n'y avait pas de camping, en dépit de ce qu'indiquait ma carte routière.
Heureusement, le Ranch, lieu dédié à la plage, à la danse, à la musique et, marginalement à l'accueil des campings-cars, accepta de m'héberger pour la nuit. 
J'avais bien fait de changer de mer. Le lendemain, je n'aurais plus qu'à rejoindre Alfredo à San Vito.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire