samedi 13 août 2016

De Florence a Sienne

Toujours, il faut partir ... Je savais, dès mon arrivée à Florence que je vivais quelque chose d'exceptionnel ! 
Pas seulement à cause de la ville, cette cité si riche d'Histoire, qui a montré la voie à tout l'occident, entre l'amour de l'autonomie, de la liberté, de l'humanité, de l'art, de la grandeur et les menaces qu'ont fait peser sur elle l'obscurantisme et tous ceux qui, par obsession du pouvoir ou par peur de ne pouvoir s'en passer se sont soumis et ont soumis leur peuple à toutes les compromissions. 
Pas seulement pour ça... Florence, j'ai déjà vu plusieurs fois et, d'une certaine manière, Florence fait partie de moi... mais, justement, pas comme ça. Pas en vélo face au Ponte Vecchio. Pas en vélo sur le Piazzale, le piazzale Michelangelo, puisque comme mon hôte me l'a indiqué, il n'y a qu'un lieu qu'on appelle Piazzale, disons "place monumentale" pour faire vite, c'est cette place immense, pleine de cars et de touristes et qui permet d'avoir une vue panoramique sur toute la ville.
Simple vision du Chianti.
Cette place se situe sur la route de Sienne. Voilà qui console de partir. On traverse, sans trop de peine les vignobles du Chianti, qui appellent aux plaisirs et rappellent de doux souvenirs. 
Franco, mon hôte Florentin, m'avait prévenu que les côtes n'étaient pas difficiles. Notez au passage le bel accent circonflexe sur le côte, dû au fait que je retrouve un clavier francophone. 
De fait, tout s'est très bien passé jusqu'à ce que, après avoir franchi sans peine une pente indiquée à 10 %, je subisse une nouvelle fois une crevaison à la roue avant. 
Je décidai que c'était la faute du pneu. Après avoir changé la chambre à air, je recherchai au fond d'une sacoche un pneu possédant toutes les qualités et acheté à vil prix à Limoux, chez un marchand de vélo qui avait décidé de solder tout son matériel. 
Les anges de la route
Au prix d'un effort exceptionnel, j'arrivai à monter le matériel sur ma roue avant ... enfin presque ! J'étais un peu dans la situation d'Antoine de Saint Exupéry avant l'arrivée du Petit Prince... et là, mieux qu'un petit prince, sont arrivées les anges de la route. Doux renversement des valeurs. De jeunes et jolies femmes viennent au secours d'un homme désemparé au bord de la route. 
Camion de secours de l'entreprise Backroads, qui propose
des voyages actifs pour tous tout autour du monde. Pour
ma part, j'ai délicieusement découvert
Elles lui expliquent que certes, il faut changer le pneu, mais pas avec celui-là, il n'est pas à la bonne taille. Elles parlent un parfait italien, mais l'une est américaine, l'autre australienne et elles sont employées par une agence de voyage un peu particulière qui organise, si j'ai bien compris tout type de séjour un peu partout dans le monde.
Place de Sienne, devant la banque historique dei monti dei
paschi di Sienne, actuellement en grande difficulté, mais
à l'origine de l'organisation bancaire en Europe et dans le
Monde
Peu importe que j'aie bien compris finalement. J'étais ébahis par les anges, d'autant que ce sont  jointes à elles, des cyclo-campeurs hollandais, expérimentés et équipés, qui après avoir expliqué qu'il fallait effectivement changer de pneu, mais pas avec celui-là ... et sortent un rouleau de rubafix qui permet de colmater la faiblesse du pneu et m'expliquent que celui-ci tiendra jusqu'à Sienne mais qu'il est risqué d'aller au-delà.
Place du Palio, 
Bien, je fonce jusqu'à Sienne, et je découvre effectivement que j'ai pénétré dans le paradis des cyclo-campeurs. Le camping, que j'aborde sous la pluie, en est rempli. 
Mon vélo chargé de sacoche devient banal. Tout juste si l'on me demande d'où je viens. Il en est des français, des italiens, des flamands et des wallons ... sans doute d'autre nationalités. Moi, je décide de profiter de mes besoins cyclistes pour faire un tour de la Ville, revoir le Palio, que je comparerais plus tard avec la place de l'amphithéatre de Lucca. Sienne est aussi une merveille... Mais il faudra bientôt partir. 
Les mécanos vélo font partie du voyage d'un cyclo-campeur.

Non sans toutefois avoir fait réparer mon pneu, chez le réparateur Bianchi qui me change le pneu et m'explique que c'était peut-être bien de mettre un pneu plus épais, mais que celui-ci frotte sur le garde-boue. Bref, il y a un choix à faire.
Le lendemain, je reviens lui demander de retirer le garde-boue. Il me demande ce que je veux en faire...  Mais qu'est-ce qu'un cyclo-campeur peut faire d'un garde-boue s'il n'est pas au dessus d'une roue ? Je ne vais pas m'en servir comme chapeau. Je lui laisse, la mort dans l'âme en sachant qu'il ne pourra rien en faire. C'est la vie. Je me console en passant une dernière fois devant le Palio et la Cathédrale. 
Après tout, il fait beau. Je suis arrivé à Sienne sous la pluie. Le voyage continue. Si je quitte le paradis des cyclo-campeurs, c'est que je suis encore vivant.





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