samedi 7 mai 2016

Luchon

Je ne sais pas si je l'ai déjà dit, mais ma connaissance de la géographie a commencé par le vélo. J'avais décidé à 20 ans et quelques de me rendre en Italie avec ma copine Babette. Et c'est vraiment à vélo qu'on ressent par le corps et l'effort l'importance des vallées, des montées, des descentes, des rivières, des cols, des vents et de toutes ces choses que jamais un professeur si bon qu'il soit ne pourra faire éprouver à un cerveau ... Au mieux transmettra-t-il un savoir abstrait, de ceux qui permettent d'avoir une bonne note avant qu'on les oublie.
Alors voilà, je reprends mon cours de géographie de tout à l'heure. Rassurez-vous, ça va être bref et j'espère un peu joli. Voilà :
Comme on ne peut pas longer les Pyrénées sans se taper des montées épuisantes quand on porte une vingtaine de kilos, on est obligé de faire des boucles, c'est à dire de s'éloigner des routes qui montent, avant de les reprendre quand on y est obligé. Par exemple, quand on va chez Marie-Claude qui habite à Luchon, ou juste à côté, à Lège, plus précisément. 
Et bien il se trouve qu'on peut regretter les grandioses paysages des Pyrénées. Mais il y a une compensation : c'est qu'à force d'éviter les montagnes, on chevauche toutes les vallées et les cours d'eau qui vont avec, fleuves, rivières, ruisseaux qui coulent avec force.
Le cours du Salat que l'on suit en sortant de St Gaudens
Après, une fois qu'on a chevauché ces cours d'eau, pris quelques photos apaisantes, on peut se décider à en suivre un puisque, généralement, les  stations thermales, les beautés panoramiques se trouvent au bout d'une route, elle-même longeant une rivière. Fin de la boucle. 
Une pause le temps d'une photo ébahie
Luchon, c'est un joli nom. Rassurant. Qu'on sent proche de chez soi. Pour tout dire, enfant, lorsque je suivais le tour de France sans recul, et que je voyais que Poulidor, mon héros, avait gagné à Luchon, je pensais que ça se passait à côté de chez moi. 
C'est après que j'ai appris que c'était là-bas, dans les montagnes et que d'ailleurs, on disait plus Bagnères de Luchon que Luchon. Parait que ça vient de Lux, lumière, qui a donné son nom à Luz aussi, et que c'est un nom qui va bien pour ces lieux  qui inondent de lumière ces endroits au pied des montagnes, comme des clairières dans les forêts. 
La vallée de Luchon, vue de haut ... au loin l'Espagne
Bref, après ces heures d'efforts, soulagées justement par les paysages des bords et traversées de rivières j'ai fini par atterrir à Lège, chaleureusement accueilli par Marie-Claude qui a eu soif de me faire découvrir ce paysage enchanteur, où elle a choisi de s'installer pour sa retraite, et où elle poursuit inlassablement de longues marches. Le but n'est pas tant de connaître le paysage, si j'ai bien compris, que de se connaître soi-même, humble face au panorama grandiose.  
Marie-Claude est une passionnée. Elle parle comme elle marche. Elle marche comme elle respire. Dans les Pyrénées on ne se laisse pas impressionner par un type qui a fait 1.500 km à vélo. On l'assoit, on le laisse  prendre sa  douce, et  puis ... et puis, on le promène, hein ... On est tellement mieux pour discuter. 
Je dois dire, ça m'a fait drôle aux jambes... mais c'était tellement présent  ... d'autant que Lège n'est pas Luchon, et qu'à Lège, il n'y  a pas un mètre de rue qui n'ait pas un dénivelé de 10%. 
Marie-Claude  m'a parlé des Pyrénées, bien sûr, mais aussi du Maroc, de la Tunisie ... elle ne savait pas encore que j'étais privé de Maghreb. Moi non plus du reste. Marie-Claude m'a parlé de sa mère, de ma soeur, de la retraite, de la vieillesse, de Mayotte. J'ai parlé aussi pour dire la vérité. 
Un reste de la grandeur de Luchon.
Le lendemain, elle m'a fait visiter Luchon, avant de partir. La ville d'eau désuète. L'impératrice Eugénie qui a popularisé les cures et les villes d'eaux dans  les Pyrénées. Victor Hugo, qui est passé par là et qui ne pouvait pas passer quelque part sans en faire quelques pages. 
Alors, Marie-Claude, Luchon ou Bagnères de Luchon ? 
Pris en photo par Marie-Claude, avant mon départ
Ben, les  deux ! C'est pareil. Luchon, qui perd des habitants, des curistes. Qui perd sa ligne de chemin de fer. Luchon, si joli. Au revoir Luchon, à présent, je dois me rendre à Luz-Saint-Sauveur, un autre ami, une autre vallée, la même impératrice Eugénie, les mêmes  Pyrénées... Mais ce n'est plus le col de Peyresourde, juste le col le plus légendaire du Tour de France : le Tourmalet






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire