jeudi 19 mai 2016

Champion du monde

Laurent m'avait dit que ce n'était pas possible ... 
De Luz-Saint-Sauveur, il y a plus d'une centaine de kilomètres, et je ne suis parti de la capitale du Pays Toy qu'à un peu plus de deux heures de l'après midi. Je ne pouvais pas partir sans saluer Laurent et Siane, quoi qu'il advienne. Ils m'avaient fait si bon accueil et cérémonie ou pas, impératifs post-cérémonie ou pas, je ne pouvais pas prendre la route comme un voleur.
Le problème, bien sûr, dans ce cas-là, c'est qu'en retardant le départ, on retarde aussi l'arrivée. Tom m'avait promis de m'héberger à Orthez, qui était exactement la bonne distance pour mon nouveau projet de passer en Espagne. Sauf qu'il m'avait précisé qu'il devait, en toute hypothèse quitter sa demeure à 6h30 du matin au plus tard. 
- "Pas de problème !" J'avais répondu.
Et, de fait, ce défi, les éléments m'ont durablement aidé à le relever. 


Ravi de passer par Saint Pé de Bigorre, ville
de référence de tous les cruciverbistes de France.
La ville existe, réellement, elle se situe quelque
part entre Lourdes et Pau. Je l'ai traversée en
coup de vent. 
D'abord la pente. À pédaler, il me revient souvent en mémoire l'axiome de Bernard Hinault : "quand ça monte, on ne s'en rend pas tellement compte". Et de fait, c'est en descendant de Luz Saint Sauveur que j'ai vraiment compris combien et pourquoi j'en avais bavé à l'aller. En plus, là, j'avais le vent dans le dos. Je me suis laissé emporté jusqu'à Lourdes à une moyenne supérieure à 30 km/h. 
Un vrai miracle. Du coup, j'ai même été trop loin. J'ai dû faire marche arrière un petit peu. Quelques montées dans Lourdes, ville balancée entre religiosité et radicalisme ... et puis, re-vent dans le dos. Même si, cette fois, la route était plate. Mais ça filait, ça filait. Passage de Lourdes à Pau en passant par Saint Pé, la ville des mots croisés. Tout ça me faisait sourire dans une route si facile. 
Arrivée à Pau, ville laissée par la gauche à François Bayrou. Mais, même là, tout allait bien. Je me retrouve sur un circuit automobile. C'est trop, comme disent les jeunes à présent. Je passe devant les tribunes. En fait, j'ai découvert que la course de formule 3000 a eu lieu une semaine plus tard. Ça m'a permis d'avancer durablement. Tous les éléments étaient en ma faveur. Il y avait même une piste cyclable un peu plus loin, pour me permettre de rejoindre Orthez sans encombre. Ok, je me disait que Pau-Orthez, ce n'était pas si distant, forcément, puisqu'ils avaient fabriqué une équipe de basket en commun ... 
Le Gave de Pau, celui qui a tout emporté il y a
deux ans. Même à Lourdes, il n'y a pas eu de
miracle ... Même si c'est sur les lieux saints que
tout é été réparé au plus vite. Plus loin, le long
du cours, la rivière qui a tout emporté, et en
particulier la voie verte, nécessite un tout autre
aménagement. La force du flux impressionne.
Attention, ça fait quand même un peu plus de 40 km. N'importe, je me disais. Je suis sacrément dans les temps... jusqu'à ce qu'à l'entrée de la piste cyclable, à 5 km de Pau, un horrible pschitt se fasse entendre. Il y a les pschitt, à la Chirac, qui sont censé vous tirer d'affaire, et il y a les pschitt qui vous mettent dedans. Je crevais du pneu avant. Une horreur, je dis ! J'avais crevé 4 fois à l'arrière, pas encore à l'avant. Je fais une tentative avec une rustine. Perte de temps. Je continue. Aucune bonne âme pour m'aider. Juste des familles ou des couples sages faisant leur promenade du dimanche. Je sors le grand jeu : une chambre à air toute neuve. Je repars. 
La piste cyclable n'est plus ce qu'elle était. Nombreux barrages. En fait, elle est encore marquée par les terribles inondations d'il y a deux ans, lorsque le gave de Pau a tout emporté sur son passage. Je le vois, le gave de Pau. Je le longe. Je sens sa puissance et j'imagine ses débordements. 
Je n'ai pas le temps de m'attarder. J'arrive chez Tom à 19h30. 
Il m'attendait avec sa compagne à 19h. Pas de problème. J'ai même le temps de laver et mettre à sécher mes affaires du jour. 
Tom est chauffeur routier. Mais sa passion, c'est le vélo écolo. Pas vraiment le genre de l'hommage de Sarkozy à la France qui se lève tôt. Il a participé à l'alternatiba et à d'autres circuits pour promouvoir un monde bicyclette. Sympa. Sa compagne Shafia, qui tient son prénom de la sage-femme qui l'a mise au monde semble un peu moins motivée. Elle aime mieux la marche. Au menu : galettes de quinoa. Il faut finir les restes. 
Une soirée très agréable. Une bonne nuit et même un petit déjeuner sympathique à Orthez le lendemain matin ... avant de me diriger vers l'Espagne.
Bientôt de nouvelles aventures... et un premier contact avec l'étranger. J'ai hâte même si j'appréhende un peu.

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