Sartre et la vélosophie. |
Il n'y a jamais rien de simple à vélo. Je suis arrivé en bonne forme à Recloses, chez ma cousine Chantal qui a juste eu le temps de m'accueillir avant de partir pour une leçon de tennis avec sa fille Marilou qui doit avoir environ 16 ans.
Recloses est une petite bourgade, sans bistro, sans épicerie, mais magnifiquement située à proximité de Fontainebleau et de Paris, ce qui permet d'un coup de voiture d'aller se rendre à son boulot quand il se trouve dans la banlieue sud de la capitale.
Quand je suis arrivé à Recloses, la capitale me semblait bien loin. Bien sur le matin, j'avais gouté la dureté de la ceinture parisienne, qui m'avait fait passer du chicVincennes à la dureté paysagère qui longe la voie ferrée de Villeneuve Saint Georges à Pompadour, oui, Pompadour. Pompadour dont le nom illustre le chic aristocratique et qui voit sa population coincée entre l'irrespirable voie ferrée, parallèle à la grande nationale, et quelques magasins-usines dans un paysage qui n'a pas évolué depuis des décennies.
Et puis, un peu plus loin, quand on va vers Recloses, précisément, on tourne à gauche, vers des jardins où nous amènent des petites rues et tout change. On roule sur des allées arborées, et on file vers la forêt de Fontainebleau. Pour un peu, en vélo, on aurait tendance à se prendre pour un cheval.
Erreur !
Erreur, qu'a commise mon gps farceur. A force de m'envoyer sur des petits chemins, me voilà sur un chemin sablonneux, piétiné par les chevaux. Impossible de rouler. Je pousse, refusant la marche arrière.
Mon chemin m'amène au cœur de la forêt de Fontainebleau. Je me remets à rouler sur un chemin toujours pas fait pour ça, mais qui me permet d'avancer jusqu'à ce que je crève. Une petite crevaison sournoise, dont la réalité est longue à apparaître mais qu'il faut bien prendre en compte. Je me mets donc à réparer en évitant de pester mais en me disant que je devais quitter cette forêt, mais que je ne devais pas me fier à mon gps. Qui plus est, mon téléphone farceur ne me permet pas d'appeler histoire de prévenir mes hôtes de mon retard. Je ne le ferais qu'à Recloses où je demande l'hospitalité afin de recharger mon téléphone et ainsi pouvoir retrouver l'adresse de ma cousine.
Quand Marilou est arrivée, elle m'a tout de suite interrogé. Je ne pourrais jamais faire ce que tu fais, m'a-t-elle dit, j'aurais trop peur de m'ennuyer.
Sans doute, quand j'étais en Angleterre, lors du mouvement punk, où toute une jeunesse hurlait "boredom, boredom, boredom" comme son cri de ralliement, me sentè-je interloqué, mais jamais vraiment solidaire. J'avais d'autres problèmes et je jugeais cette attitude profondément immature.
Après, au court de la discussion, Marilou, avant d'aller se coucher m'a dit que ce que je lui disais lui faisait penser au livre qu'elle était en train de lire : l'existentialisme est un humanisme. Je lui ai dit que je n'avais jamais lu Jean Paul Sartre, j'étais passé à côté. Mais, comme c'est bizarre, quinze jours avant, j'avais trouvé Franck Martin avec ce livre dans la main et, d'ailleurs il l'avait oublié chez moi. Un signe, sans doute ! Il me retrouve au coeur de la forêt de Fontainebleau. Je le jure, Marilou, si je sors vivant de cette histoire, je jure de lire un peu de Sartre, et sans doute ce livre-là ! Il m'a l'air pas trop épais.
Coucou Olivier, merci pour ce moment de partage. J'ai pensé à toi lors du concert des Insus à Rouen car j'étais avec Philippe Crou (et oui le hasard fait parfois des rencontres inattendues surtout dans une salle de concert)En tout cas P C m'a indiqué que tu allais peut-être les voir en concert dans le sud alors, j'espère que cela a été à la hauteur de tes attentes. Bravo à toi pour ton périple. je continuerais à lire tes périples qui me font voyager.
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