dimanche 17 avril 2016

Tous les chemins mènent à Lamartine

J'en connais qui diront : encore une erreur de GPS, et ils n'auront pas tord. Pas tout à fait, c'est vrai, mais il est vrai que l'outil farceur a pris toute sa part dans l'aventure qui m'est arrivée lundi dernier. 
Charlotte, devant ses œuvres, à Lusigny
Mais cela n'empêche pas le sage de considérer alors que ces blagues sont après tout l'instrument paradoxal du destin. 
J'avais, en toute quiétude, quitté Lusigny le matin non sans avoir insisté auprès de Charlotte pour la prendre en photo devant ses travaux comme me l'avait demandé Marie-Hélène ... sauf que Charlotte qui après des études de psycho, s'est lancée dans la calligraphie romaine et arabe avait vendu toutes ses œuvres. Elle n'a pas pu me montrer grand'chose. Elle était revenue à Lusigny pour se remettre à l'ouvrage, justement.
Tout semblait donc aller pour le mieux au départ de Lusigny, il n'y avait guère qu'un léger problème de gps, qui m'indiquait qu'il n'existait pas de chemin de la Rochette à Milly Lamartine, censée être la commune où devait m'accueillir Frédérique, mais qu'il en existait un en revanche dans la commune d'à côté, La Roche Vineuse. Le Gps promettait d'ailleurs de m'y conduire. 
J'oubliais ce point très rapidement, découvrant à mon grand désarroi que mon pneu se dégonflait lentement à l'arrière. Précisément, là où j'avais déjà fait une première réparation. Je décidai de regonfler la roue, histoire qu'elle tienne jusqu'à un endroit où je pourrais procéder avec plus de confort. Ce fut à Dompierre sur Besbres qu'une petite pluie qui ne demandait qu'à croître m'annonça la relativité dudit confort que je trouvai toutefois dans une station essence qui m'offrit un abri réparateur. J'arrachai comme je pu le reste d'une épine tenace à laquelle je n'avais pas pris garde en forêt de Fontainebleau. Bref, après cet arrêt intempestif, je repartis d'un bon pneu vers de nouvelles aventures qui m'amenèrent à profiter du mieux possible d'une voie verte longeant le canal latéral de la Loire jusqu'à Digoin. 
Je tenais alors cette commune comme étant la capitale de l'escargot de Bourgogne. Elle a aussi une autre particularité, celle d'abriter un deuxième pont canal après celui de Briare, étape que je n'ai pas encore décrite ... mais j'y viendrai, j'y viendrai.
Je voulais prendre l'ouvrage en photo. Erreur ! Il y a des jours comme ça ! La batterie de mon portable rendit l'âme sans même que je puisse prendre la photo, et ouvrit la voie des difficultés à venir. 
Je repris ma route jusqu'à Paray le Monial, patrimoine touristico-religieux, en espérant y trouver un café pour recharger les batteries, et trouver la carte routière du coin. 
Je n'obtins ni l'un ni l'autre. J'ai passé plus d'une heure à écouter la musique choisie par l'accorte serveuse qui chantait ses morceaux préférés pendant qu'en terrasse un prêtre s'attardait. Mais ça ne voulait pas recharger mon portable qui restait sans voix et m'interdisait toute relation avec Milly Lamartine. 
Je poursuivis donc mon chemin et arrivai la nuit tout juste tombée à La Roche Vineuse. Le Gps m'indiquait un chemin de pierre dont la pente dépassait les 15 %. Bof, il me restait 900 m. à pousser la machine, et forcément, le nom même de chemin de la Rochette indiquait après tout que le lieu se situait sur les hauteurs.
J'y parvins après maintes difficultés, la première venant du fait que le chemin indiquait par le gps était tellement privé que, sur le point d'arriver sur la belle église située sur les hauteurs, et au pied du chemin, je me trouvai face à un portail fermé à clef.
Demi-tour ... puis détour, et enfin, analyse de tous les noms figurant sur les boîtes à lettres avant d'admettre que ce long chemin n'était pas le bon. 
J'aurais volontiers tout laissé tombé, seulement voilà, je me sentais redevable envers Frédérique à qui j'avais annoncé ma venue.
Je me dis qu'à ce moment, je n'avais que deux solutions, soit renoncer, soit de chercher dans la voisine Milly-Lamartine, un autre chemin de la Rochette, au dépit de mon gps. 
J'ai fini par le trouver, non sans avoir fait plusieurs allers retours et connu la panne d'éclairage sans laquelle une virée nocturne ne serait pas une aventure.
Mais, je me dis : n'importe ! ... J'ai tout prévu. Et de fait je sortis de mes bagages une lampe frontale qui ne demandait qu'à sortir de son emballage qui, de plus contenait les piles adéquates. Afin de pouvoir le faire en toute sécurité, j'amenais mon vélo en un lieu où je puisse profiter au moins de l'éclairage public pour cette opération bénigne et sensible qui consiste à mettre les piles dans le bon sens tout en étant soumis à une grande fatigue. 
Il était une heure du matin. Pile (c'est le cas de le dire !). Je le sus parce que c'était l'heure choisie par la commune pour l'extinction des feux.
Je ne m'arrêtai pas là et je réussis l’opération du premier coup.   
Il ne me restait plus qu'à retrouver l'indication d'un lieudit La Rochette, que j'avais aperçu peu avant ... et compter sur la chance.
Elle intervint un quart d'heure plus tard sous la forme d'une lumière dans l'appartement situé au dessus de l'école. Un insomniaque ! La chance de ma vie.
L'école de Milly Lamartine. Au dessus, le logement de fonction.
Après, il ne restait plus qu'à suivre ses indications, remonter et redescendre la rue de la Rochette avant de me dire que décidément, le nom de Frédérique n'y apparaissait pas et que ce n'était ni mon jour ni ma nuit, jusqu'à ce que je repère qu'au côté de la sonnette sans nom, il y avait une boite à lettre avec le bon nom. 
Pas de lumière ... mais au point où j'en étais, je me décidai à sonner un coup bref, en me disant que si ça ne répondait pas, je pousserais jusqu'à Mâcon où je trouverai bien un hôtel. Il était hors de question que j'insiste.
Un battement d'aile répondit à la sonnette. Puis un "ouaf" sympathique d'un toutou calme. Puis une lumière qui s'allume au loin. Puis une interrogation dans la nuit "Olivier ?"
Je pouvais enfin souffler, m'excuser, me ré-excuser, et m'excuser encore.
Paysage vu de la Rochette, au fond à gauche, c'est Vergisson
Bien sur, j'ai eu peu l'occasion de parler avec Frédérique, juste eu le temps d'apprécier sa grande bonté, et son histoire... Car non seulement elle m'a tenu conversation à 1h30 du matin, en devant se lever à 4h, mais elle a aussi expliqué son histoire entre 7h et 7h30 du matin.  Magnifique ... même si j'en reste mort de honte, plus d'une semaine après l'événement. 
La roche de Solutré ressemble à celle Vergisson mais n'a pas la même histoire
J'avais vécu l'étape la plus dure de mon épreuve. Je sais que j'en aurais d'autres, mais là, après tout, il n'y avait plus qu'à aller vers Lyon, en passant par Mâcon, ce qui me permit d'admirer la vraie roche de Solutré que l'on aperçoit à partir de la voie verte qui fait le tour de Mâcon.

 

 Mais bien sûr, avant tout cela, j'ai fait un petit pèlerinage à la maison de Lamartine, qui a donné son nom à la commune.






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