dimanche 5 juin 2016

Montpellier Marseille Carole

J'ai été de Montpellier à Marseille comme un défi. J'ai quitté Sonia au petit matin en me disant que Marseille, n'était quand même pas la porte à côté. M'attendaient entre autre la traversée de la Camargue, dans laquelle je me suis lancé après une pause méridionale à Aigues-Mortes. 
Au moment où, ayant visualisé l'endroit où j'allais pouvoir manger mon casse-croûte à l'ombre, j'installai mon vélo, contre un mur, je vis s'approcher un gamin, puis deux, puis trois, puis un centre aéré en entier, assisté d'un moniteur leur demandant de se bien tenir. Foutu ! Il n'y avait plus de places assises. 
Cela eut pour avantage de m'obliger à m'avancer davantage dans la bourgade historique, vers une autre place dédiée à Saint Louis, qui me permit de trouver mon bonheur : une place à l'ombre.
Je choisis de revenir peu après prendre un café non loin de ma première pause et où j'avais déjà pris une glace 15 jours avant. Me pointant avec mes gourdes à la recherche d'un point d'eau, le patron du bistrot qui venait de s'assoir devant un plat, quitta sa chaise pour me servir lui-même de l'eau bien fraîche au bar. Il y avait là de quoi me requinquer pour le restant de la journée qui s'avéra toutefois difficile, en particulier à partir d'Arles. 
C'est à Arles en effet qu'il faut longer le Rhône, mais sur l'autre rive. Comme jusqu'alors j'avais eu le vent dans le dos, je m'attendais à une suite un peu difficile. 
Je n'avais pas tort. J'ai un vent de face pendant une trentaine de kilomètres et la difficulté se corsa encore lorsque, ayant voulu prendre un raccourci, je me rendis compte d'une erreur sur la carte Michelin. Elle avait indiqué un pont qui n'existait pas. Je me suis ainsi rallongé d'une bonne dizaine de kilomètres et alourdi d'un bon poids de découragement. 
Les choses changèrent à proximité de Port Saint-Louis. C'est là qu'obliquant sur la gauche, direction Fos-sur-Mer, je retrouvai un vent favorable et passais rapidement devant les cars de CRS imposant qui surveillait les abords du site pétrolier, en ces temps de grève et de pénurie pétrolière. 
Bien sûr, j'étais loin des soucis des automobilistes. J'en avais d'autres toutefois. La route que je parcourrai rapidement devint vite une 4 voies interdites aux cycles. Je tournais à droite et obtins des renseignements précieux auprès d'un camion-pizza qui me permit de parvenir à Martigues.
De là, on m'indiqua l'ancienne route de Marseille. La nuit tombait, il restait encore pas mal de kilomètres, et même en sachant que Carole, l'amie d'Olivia, était très arrangeante, il y avait de quoi s'inquiéter. Après tout, même en faisant totalement confiance à Olivia, je n'avais jamais vu Carole et arriver si tard, je l'avais déjà fait, mais justement, je m'étais promis de ne plus le faire. Heureusement, cette fois ci, j'avais un portable en bon état de marche.
Qui plus est, je me perdis une fois ou deux avant de parvenir à la dernière difficulté : Le Rove. Une montée difficile, surtout de nuit, mais qui, une fois franchie vous amène directement à l'Estaque, la plage de Marseille. De là, il ne reste plus qu'une quinzaine de kilomètres, parmi les plagistes, les joueurs de pétanque, avec un pénible choix à faire entre l'autoroute et d'autres voies mal fléchées. Après avoir reçu quelques réflexions d'automobilistes effrayés, je me retrouvais  peu avant minuit sur le Vieux port. 
Le Vieux Port à minuit à Marseille ce vendredi
soir. Un autre monde... mais rassurant en fin
de compte.
Un autre monde ! Des touristes, des promeneurs, bref, tout un paysage qui me faisait oublier la désolation que je venais de connaître durant deux heures. Je téléphonai à Carole, qui m'attendait et m'avait préparé des plats typiques tout en me faisant une conversation suivie sur la réalité des contes russes et sénégalais... ainsi que sur les notions comparées sur la corruption à Marseille, dans le département des Bouches du Rhône, dans certaines villes de la banlieue chic de Paris et ailleurs en France. Carole sait de quoi elle parle, elle est cadre territoriale et travaille dans les services de marché public. Elle m'offrit aussi des navettes de Marseille que j'allais déguster un peu plus tard. Je la quittais pour m'endormir et le lendemain, j'étais à 7 heures du matin sur la route. Carole avait dû me mettre dehors pour prendre un train. 
Des gens, comme Carole, on regrette vraiment de ne les avoir connu que deux heures dans sa vie.. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire