mercredi 25 mai 2016

D'Ocheriaga à la Catalogne

J'étais entré à Ocheriaga sous la pluie, j'en suis sorti sous le soleil et un autre monde s'est ouvert. 
Pas vraiment l'image traditionnelle de l'Espagne, d'ailleurs. A vrai dire, on a petits chalets, des cours d'eau, des torrents, des ponts, des rivières, des cols, des montagnes abruptes, on est dans la Navarre, l'Aragon, la région où sont produits les meilleurs jambons d'Europe, mais à dire vrai, tant qu'on longe la frontière, on pourrait se croire en Autriche, en Bavière, en Suisse, bref, de ces paysages et de ces architectures montagnardes qui ont marqué toute une partie de l'Europe.
Sauf que chaque montagne est différente et marque les populations. La montagne, c'est un autre monde. 
Comme si ça ne suffisait pas d'avoir franchi la frontière !
Mais c'est qu'il faut encore grimper longtemps, même après
des descentes intéressantes. Après la Remendia, franchie la
vielle, un autre col encore plus élevé m'attend avant que l'on
suive la pente de la rivière qui m'amènera à Isaba, puis la vallée
du Roncal qui longe le Rio Esca, avant la grande route qui
mène à Jaca ou Huesca…


Rien à voir, par exemple, entre les Pyrénées français et espagnols. La pente est abrupte en France, avec des cols infranchissables pour un cyclo-campeur normal … En Espagne, on est sur des plateaux. Pas des plats plateaux, d'accord. Ca monte et ça descend, mais justement. Alors qu'après Roncevaux je m'attendais à être récompensé d'une bonne descente, pas de trêve du côté espagnol… Jusqu'à bien sûr un certain point, c'est à dire qu'après avoir franchi un nouveau col, je m'engage enfin à longer la vallée du Roncal, pour une descente magnifique le long d'un torrent qui se transforme en rivière direction Huesca ou Jaca, puisqu'une de ces deux étapes doit m'amener à Barcelone, où m'attend une semaine de pause avec ma bienaimée. 
La route qui mène à Huesca est des plus belles. Je me rends compte en pédalant que je l'ai parcouru il y a quelques années en voiture. Un paysage de western, parfois, des canyons, des vallées 
profondes, et … le vent dans le dos. Du coup, je pe dis que ça valait le coup que je me tape un dernier col, l'Alto de Santa Barbara. 
Dommage, c'est le moment où jeme rends compte que mon portable tombe en panne une deuxième fois. Je n'ai plus d'image. Ce qui explique la pauvreté des illustrations. Heureusement, j'ai chose de faire la pause dans une grande ville. 
Sacré service que m'a rendu Babacar. Sans lui,
pas de portable. Sans portable, pas de photo.
Sans photo, pas de blog. mais le plus
grand service que m'a rendu Babacar, c'est de
l'avoir rencontré.
J'arrive à 20 h. à Huesca. Première ville catalane. Ça ne se sent pas tellement. Le camping n'est pas indiqué. Qu'à cela ne tienne. Tous ceux à qui je demande m'expliquent où il se trouve, là bas, planqué, à côté du stade. Je sens mon espagnol qui revient … mais je prends un coup au moral, lorsque devant le camping, je m'aperçois qu'il est fermé. 
Je repique vers le centre ville. Je demande à un policier municipal s'il connait un hôtel bon marché. C'est ici que je ferais connaissance de Babacar, un sénégalais francophone, qui s'occupe de me faire réparer mon portable et me laisse me servir des petits déjeuners pantagruéliques. 
"Je sais que vous, les français, vous avez besoin de boire beaucoup de café … et de manger au petit déjeuner". 
Bonne observation Babacar ! Babacar est un bienfait de l'humanité. Il sait ce que c'est que voyager, que l'importance de l'accueil. Il s'intéresse à mon histoire. C'est toujours un bonheur de rencontrer des gens de qualité … mais quand en plus ils vous permettent de repartir avec un portable en bon état de marche … 
Ni Babacar, ni Huesca, juste une image du pont reliant
Joal au cimetière mixte (catholique et musulman)
 de l'Ile des Coquillages où est enterré Léopold Senghor
Babacar m'a parlé de son île, l'île des Coquillages. C'est là qu'est né Léopold Senghor. Il y est aussi enterré après avoir vécu longtemps en Normandie. Babacar m'y invite. Je suis d'accord pour aller partout. Mais pour l'instant, je m'interdis de perdre  la Sicile de vue. 
"Nulle dialectique, même déchaînée, ne saurait se passer d'une immutable…" C'est une citation, je ne sais pas de qui. Visiblement, c'est d'un philosophe étranger, et mal traduit, mais c'est une formule dont je me sers de temps en temps. 
Je te dois au moins une attention particulière au Sénégal et à Léopold Senghor.














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